CHANGEMENTS PROFONDS DANS LA GOUVERNANCE DE KNDS ET DE NEXTER
C’était inscrit dans l’acte de mariage de décembre 2015 : la gouvernance à deux têtes de KNDS était mise en place pour 5 ans, sans présumer de la suite. Les Directions des deux filiales du groupe néerlandais, NEXTER et KMW sont elles aussi modifiées :
Confiance ou Inquiétude ?
Les changements pour la gouvernance KNDS
Jusqu’à présent constituée de 2 PDG œuvrant conjointement, la Direction de KNDS sera désormais confiée à un Directeur général. L’instance de gouvernance sera un conseil d’administration, présidé par un français en remplacement du conseil de surveillance.
Le français Philippe Petitcolin, actuel directeur général de Safran, sera nommé président du conseil d’administration de KNDS. Il supervisera la définition et la mise en œuvre de la stratégie, mais n’aura pas de rôle exécutif Il prendra ses fonctions le 1er mars 2021. Il est nommé pour 4 ans.
L’allemand F. Haun, de KMW prend seul la Direction Générale du groupe. Il est nommé pour 4 ans.
Un conseil d’administration de 10 membres est mis en place : 5 français, 5 allemands. En plus du Président et du Directeur général, 3 administrateurs pour chacun des actionnaires, et deux indépendants (1 français et un allemand).
Dans son communiqué de presse commun, le Ministère des armées et celui de l’économie et des finance parlent d’une gouvernance « conçue pour assurer dans la durée la préservation de l’équilibre franco-allemand », et d’ajouter « il est prévu que les postes de directeur général et de président du conseil d’administration soient occupés par un Allemand et un Français, avec une alternance de nationalité à chaque changement de directeur général ».
Complétant le dispositif, un comité exécutif de 8 membres, là aussi paritaire franco-allemand est mis en place.
Les changements sont donc profonds, et le départ du PDG français Stéphane Mayer du dispositif est un signal important, que les propos rassurant du communiqué des ministres ne peuvent évacuer. Le fait que le nouveau DG soit l’ancien DG de KMW, entreprise fournissant des chars lourds et des systèmes d’artillerie à nombre de pays européens a de quoi alimenter les inquiétudes. Pour la CGT, il n’est pas question d’alimenter des craintes. Cette nouvelle gouvernance servira-t-elle plus les intérêts allemands que français ? Est-elle moins équilibrée que la précédente ? Nous ne pouvons guère le dire aujourd’hui. Une chose est sûre en revanche, c’est que les 5 premières années de KNDS étant écoulées, l’arrivée de nouveaux entrants au capital est désormais possible. Le communiqué des ministres est sur le sujet assez vague, ne donnant aucunes garanties sur l’avenir.
La CGT jugera la nouvelle organisation à la tête du groupe sur pièces, dans le temps. Le pouvoir exécutif du Directeur Général F. Haun lui laisse une latitude certaine, ce sera à l’état actionnaire français de veiller à la défense des intérêts de Nexter, en termes de répartition investissements, de budgets de R&D, et de placement industriel pour les productions à venir.
Vos représentants CGT useront de tous les moyens à leur disposition pour défendre les intérêts des salariés français du groupe.
Les changements à la tête de NEXTER
Les effets de ces annonces sur Nexter sont également importants.
Le PDG Stéphane Mayer quitte le groupe. Il sera remplacé par un Directeur Général, qui devrait être nommé dans les semaines à venir. Et c’est F. Haun qui devient Président du Conseil d’administration de NEXTER.
Curieusement, le communiqué ministériel est muet sur cette nomination. Nexter est l’héritier des arsenaux d’état, symbole de l’indépendance et de la souveraineté en matière de fabrication militaire terrestre. Là encore, la CGT n’agitera aucune peurs, mais le symbole d’un Président allemand à la tête de notre entreprise est à prendre en compte, malgré les propos rassurant de celui-ci dans sa lettre aux salariés.
L’état conserve son action spécifique sur les armes et munitions, l’activité véhicules blindés est quant à elle soumise aux décisions de gouvernance de KNDS. Nous devrons avoir une vision très claire des intentions de la nouvelles Direction de NEXTER, même si nos inquiétudes ne sont pas sur le court ou moyen terme, mais sur la place réservée à NEXTER dans les prochains programmes dimensionnant MGCS et CIFS.
C’est dans ce sens que nous interviendrons auprès de la nouvelle gouvernance, avec comme objectif la mise en place rapide d’un Comité Européen d’Entreprise au niveau du groupe KNDS qui viendra selon nous renforcer la confiance en matière sociale.
Et nous serons reçus le 5 janvier par les conseillers de la ministre des armées pour aborder tous les impacts de ces changements
Bonjour à tous et prenez soin de vous et de NEXTER?
Pour avoir été (avec deux autres camarades) administrateur CGT représentant les salariés jusqu’en décembre 2015 lors de la mise en place de KNDS (sous le nom de KANT à l’époque) rien ne me surprend dans cette « évolution ». Petit rappel, lors de ce dernier conseil d’administration de GIAT Industries le président de l’époque (Philippe BURTIN) a surpris les administrateurs (qui n’étaient pas dans la confidence) par son refus de coprésider et même de signer lui même l’acte de création du « nouveau groupe ». D’autant que ce président n’avait jamais été en accord avec les réticences de la CGT sur cette fusion/absorption. Dès lors (pour moi et la CGT) il était clair qu’un cadeau était fait à l’industrie Allemande de défense au détriment à terme de l’industrie mais aussi de l’indépendance de la France. N’oublions pas non plus que l’Allemagne dispose d’un autre industriel de l’armement et que l’histoire nous indique qu’elle n’a jamais sacrifié un de ces membres (il n’est qu’a voir la sidérurgie). Si je comprends aujourd’hui les précautions de langage de la CGT de NEXTER, j’espère que ses militants et adhérant (es) sauront l’avenir veillez à leurs intérêts et ceux de la France en tant que nation réellement indépendante. a + camarades.