Cette rentée n’est pas celle des années passées, et pas très sereine face à un virus qui circule toujours. Le travail reprend, et la Direction de l’entreprise ouvre les négociations dès le mardi 25, sur la participation et l’intéressement, la Qualité de Vie au Travail, et prévoit aussi un accord sur le télétravail.
Le monde du travail subit de plein fouet la COVID 19. Avant la crise on ne peut pas dire que les entreprises du CAC 40 se portaient mal puisqu’elles battaient chaque année des records de profits, tandis que le droit du travail faisait lui l’objet de multiples attaques. La loi d’urgence et les différents décrets publiés depuis le mois de mars, ont ouvert des possibilités pour les employeurs, et dégradé la vie au travail pour les salariés, au nom de la lutte contre la crise économique qui suivra la crise sanitaire :
- Durée quotidienne de travail : peut être portée à 12 heures;
- Durée du repos quotidien: peut être réduite jusqu’à 9 heures consécutives,
- Durée hebdomadaire maximale de travail : peut être portée à 60 heures contre 48 heures ;
- Possibilité pour l’employeur de disposer des RTT, et des congés si accord;
- Possibilité de réduction de salaires jusqu’à 20-30%.
La rentrée va voir arriver sur le marché du travail des dizaines de milliers de jeunes, diplômés ou non, qui ne trouveront pas de travail. Nombre de PME, tous secteurs confondus, vont certainement licencier, ou être en liquidation faute de trésorerie, malgré les mesures gouvernementales. Les plans de relance sont encore insuffisants. Les milliards donnent le tournis, ils doivent être fléchés vers le développement humain durable. Ce qui suppose d’aller vers un autre type de croissance, fondée sur des modalités de production et une exploitation des richesses plus équitables, en anticipant les transitions nécessaires, de manière à ce qu’elles ne portent pas préjudice aux salariés et à leurs familles. Travailler moins pour travailler tous, relocaliser de la production, accélérer les mesures environnementales. Il y a urgence, pour le progrès social et environnemental.
La rentrée pour NEXTER
Durant la crise, avant, pendant, et après confinement, la Direction a su faire preuve de mesure, et de transparence pour nous proposer un accord COVID 19 équilibré, signé par les 3 organisations syndicales. Nous ne reviendrons pas sur le versement de dividendes décidé au conseil d’administration, mais nous devons maintenant vivre avec un budget ré estimé, lourds de conséquences (voir nos différents comptes rendus antérieurs). Les négociations s’ouvrent sur différents sujets dans ce contexte inédit.
Lors du CSEC du 16 juillet, la Direction avait été très claire : « nous aurons très peu de temps, et de marges de manœuvre pour négocier un accord d’intéressement ». Et pour cause, les accords d’intéressement doivent être conclus avant le 31 aout, leur durée pouvant être réduite à 1 an seulement. Ce sera le cas chez NEXTER. Une autre négociation s’engagera ensuite pour les exercices 2021, 22, et 23. Mais il ne s’agit pas de conclure un accord pour un accord, le but est bien de verser aux salariés une rétribution des leurs efforts, surtout après l’année 2020 qui aura été éprouvante pour tous. Le seuil de déclenchement sera abaissé, et les critères adaptés aux prévisions du budget ré estimé en juillet. Ainsi, le niveau des prises de commandes pour déclenchement sera réduit, et celui de la génération de trésorerie également. La performance opérationnelle quant à elle sera basée sur la sécurité, la livraison de 128 Griffons et 12 000 munitions de 40mm au 31 décembre.
Pour la participation, le calcul de la Réserve Spéciale de Participation s’effectue par application d’une formule légale, prenant en compte le bénéfice, les capitaux propres, la masse salariale et la valeur ajoutée.
La CGT, même si elle déplore que les sommes versées en participation et intéressement (presque 14 millions sur les résultats 2019) soient « désocialisées », c’est-à-dire qu’elles ne sont pas dans l’assiette des cotisations, négociera pour améliorer ces accords.
Pour la Qualité de Vie au Travail, les marges de manœuvre seront plus larges espérons-le. En tout cas, la CGT fera des propositions pour améliorer l’accord de 2017. C’est dans cet accord que l’on parle pour la première fois dans NEXTER de télétravail. Sous forme d’une « phase de test », qui devait durer jusqu’au début 2019 et qui s’est prolongée jusqu’avant le confinement. Les bases du télétravail ont été jetées, reste maintenant à définir le cadre et les règles.
Le télétravail, c’est oui bien sûr: mais…
Sur le sujet, une enquête a été menée par l’Union Générale des Ingénieurs, Cadres et Techniciens CGT, publiée en mai, et ayant recueilli 34 000 réponses, tous statuts et secteurs professionnels. Cela nous permet de connaitre l’état du télétravail en France et l’avis des salariés sur les points principaux. Les échanges avec les collègues nous ont aussi montré la multitude de situations durant le confinement, de la plus confortable à la plus compliquée, surtout pour les télétravailleuses.
Le télétravail bien pensé et bien accepté, génère des gains de productivité de l’ordre de 22% (réduction de l’absentéisme, meilleure efficacité, gain de temps), réduit les temps et les coûts de transports, diminue le stress,…Ce peut être du gagnant / gagnant, la CGT va s’y employer.
L’expérience très particulière vécue depuis la seconde moitié du mois de mars ne saurait être confondue avec un régime normal de télétravail. Nous retirerons cependant de ces semaines de télétravail forcé et massif de nombreux enseignements. Le nombre de taches exécutables en télétravail, avec les moyens techniques mis en oeuvre, est très important dans les fonctions tertiaires. Le télétravail requiert pour être efficace des conditions matérielles suffisantes, existence d’un espace de travail adapté et dédié notamment. Le collectif de travail garde une valeur ajoutée significative, il doit être préservé. Les processus en vigueur dans l’entreprise peuvent sans doute être adapté pour mieux prendre en compte le télétravail. Les principales directions, particulièrement à Nexter Systems mais également à Nexter Munitions, étant réparties sur plusieurs établissements, le management à distance était déjà une réalité, l’expérimentation du télétravail l’a étendu, l’expérience lors de la crise l’a profondément fait évoluer.
Quelques repères importants
Mise en évidence des gains réalisés par l’entreprise :
– évaluation des économies réalisées (sur la surface des bâtiments, leur localisation, etc)
– évaluation des gains de productivité réalisés
Il faudra restituer d’une partie significative des économies et des gains de productivité réalisés aux salarié.es sous diverses formes (baisse de la charge et du temps de travail, augmentation de salaire, plus grande autonomie, etc.).
Le volontariat doit rester la règle
Le travail dans l’entreprise reste la norme, le télétravail est une modalité particulière
Un cadre pour une mise en œuvre souple
Le travail se fait en accord avec le manager métier. La plus grande latitude doit être laissée en matière d’organisation du travail. Il nous faudra étudier la limite pratique au télétravail.
Compensation des coûts externalisés
Les frais occasionnés pour les télétravailleurs doivent être indemnisés à la journée. Ils sont de deux ordres : équipement du poste de travail à domicile (matériel, connexions, …) et frais de restauration. Les moyens ordinateur et téléphone portable étant pris en charge par l’entreprise.
Droit à la déconnexion
Le droit à la déconnexion sera un des points essentiels à traiter. Les règles sur la gestion des messages mails ou téléphoniques doivent être clairement posées : pas d’obligation à répondre instantanément aux messages et particulièrement pas en dehors des heures normales de travail, définition des plages pour être contacté, …
Flex-office
Les expériences de flex-offices ne sont pas les bienvenues en ce qu’elles feraient naître chez certains salariés des risques psycho-sociaux : perte du sentiment d’appartenance, perte de la place des individus dans le processus de travail. Cependant on peut envisager une expérimentation sur des plateaux projets pas sur les métiers. Espace personnel dans son unité métier, moindre nécessité sur des plateaux projets. Une expérimentation devrait alors être très encadrée. Les espaces de bureaux doivent identifier un poste de travail sédentaire, des espaces de travail en déplacement, des espaces de travail en commun, des espaces ou tenir des réunions à distance. Cette multiplication des espaces distincts ne va pas dans le sens d’une diminution des surfaces consacrées au travail tertiaire.
Ce ne sont là que quelques thèmes à aborder sur le télétravail. La CGT est donc très favorable à l’ouverture au plus vite de négociations, dans le but d’obtenir un accord spécifique. Ses représentants s’impliqueront, et nous vous tiendrons informés sur l’avancée des négociations.
Bonne rentrée à toutes et tous, et restez prudent(e)s face au virus.