REUNION DU GROUPE « AD HOC » KNDS

– Présentation de l’activité 2020 version COVID
– Avancement de l’intégration
– Pacte d’actionnaires et gouvernance
La réunion était organisée par visioconférence bien sûr. La situation sanitaire, l’impact COVID sur les résultats pour les deux sociétés ont été abordés. Après le 15 décembre 2020, le flou subsiste sur la gouvernance de KNDS.

La réunion préparatoire avec nos collègues

Malgré le manque de temps, nous avons eu un échange avec nous homologues allemands avant la réunion plénière. L’occasion de parler de la situation sanitaire, relativement similaire des deux côtés du Rhin, à la différence près que l’impact sur les résultats de KMW est moindre par rapport à celui de Nexter.
Contrairement à Nexter, la Direction de KMW est aujourd’hui assez frileuse pour la mise en place d’un accord sur le télétravail. Les représentants du personnel proposaient 30 jours par an, sans succès pour le moment, alors que comme en France, bon nombre de grandes sociétés ont des accords encadrant de manière comparables le télétravail.
Le projet E-MBT préoccupe aussi nos collègues, suite aux articles de presse faisant état de contacts entre la Pologne et la Corée du sud pour la fourniture de chars K2. Marcel Grisnigt, dans sa présentation sur l’intégration, ne sera guère rassurant (lire plus loin).
Comme nous, ils ne comprennent pas non plus le manque d’information sur la gouvernance future de KNDS, les contrats des 2 CEO’s ainsi que ceux des autres membres du conseil de surveillance expirant le 15 décembre, sans que l’on sache la position des actionnaires sur le sujet.

 

Situation COVID

Nous ne reviendrons pas sur la situation chez Nexter, connue de tous (46 personnes touchées, soit cas avéré, soit cas contact) et qui montre que les mesures prises sont efficaces.
Franck Haun, pour KMW a fait état de 128 personnes touchées (dont 13 cas avérés) soit 3% de l‘effectif. Les mesures prises sont similaires aux nôtres, avec beaucoup de travail, des aménagements de poste, du télétravail, la limitation des déplacements, et la généralisation des réunions à distance avec l’achat massif de licences Webex.
A noté chez KMW, la possibilité de faire des tests par le médecin du travail sur les cas suspects, permettant plus de réactivité dans le confinement.

Présentation des résultats:

Commandes, marge, effectifs
Stéphane Mayer a précisé en préambule que le budget initial était basé sur une vision très prudente, voire pessimiste. Un premier ré estimé des budgets a été fait à l’été, et un second à fin septembre.
Les résultats KNDS sont très bons, avec un carnet de commande représentant des années de travail pour les deux sociétés (de l’ordre de 10 Md€). Les prises de commandes sont déjà supérieures au budget initial, avec pour Nexter en augmentation de 40%.
Les chiffres d’affaires seront conformes à ce qui était prévu en début d’année. Le résultat de KMW sera meilleur que prévu au budget, alors que celui de Nexter est bien moins bon, du à l’impact COVID (achat de matériels pour adapter les postes, mais aussi une baisse d’efficacité nous dit le PDG). Les investissements sont en retard, les prévisions de fin d’année affichent une baisse prévisible par rapport au budget chez Nexter, en hausse chez KMW.
La trésorerie des deux sociétés reste de bon niveau, permettant le financement de la recherche et développement et des investissements pour les prochaines années.
En fin d’année, les effectifs devraient être de 4 375 salariés chez KMW, et de 4 100 chez Nexter. Le travail de recrutement est ralenti par la crise sanitaire, avec des entretiens par visio. Mais la crise qui frappe le secteur de l’aéronautique et de l’automobile, avec des milliers de postes qui vont être supprimés, très cyniquement va faciliter les recrutements, surtout en Allemagne avec une situation de récession.

Vision sur les projets

Pour Nexter, bien sûr Griffon (80 déjà présentés, 113 pour fin d’année), et Jaguar (20 à livrer en 2021). La prise de commande prévue en 2021 du contrat MSS Leclerc (pour 10 ans avec les tranches conditionnelles), la prise de commande de MSS CAESAR en août. Une offre en discussion pour 32 CAESAR pour la France, et une offre CAESAR 8X8 pour la Tchéquie. La mise en vigueur du contrat Maroc pour CAESAR et les munitions associées.
De bonnes nouvelles côté munitions, avec des prises de commande hors moyen orient de bon niveau, et l’obtention de licences d’exportation vers un pays de cette même zone.
Pour KMW, toujours de nombreux contrats espérés de Leopard, neufs ou pour des revalorisations, des Boxer, Puma, RCH (tourelle zéro hommes d’artillerie) et PZH2000, pour la Bundeswehr et dans plusieurs pays Européens ou moyen orient. Une proposition d’un Boxer équipé de la tourelle T40 de Nexter est en cours avec la Grande Bretagne. L’accueil est plutôt favorable. Une liste de projets complète, dont M. Haun dit qu’elle est la limite de capacité de son entreprise.

Avancement de l’intégration

Pour M. Grisnigt la crise sanitaire a handicapé la progression de l’intégration KNDS, entre autres par les restrictions de voyages. Néanmoins, même si cette intégration n’est guère visible pour les salariés, elle progresse selon lui. Les actions d’intégration sont focalisées sur 4 sujets (ITP pour Integrated Product/Project Team).
Concernant l’ITP MGCS, la première étape sur l’architecture est validée, et la construction juridique avec Rheinmetall (ARGE) a été officiellement lancée par les 2 DGA en septembre. La phase 2 qui est la fourniture de démonstrateurs (les MTD pour Main Technical Demonstrators) est en préparation pour déterminer la répartition des tâches entre France et Allemagne (Nexter, KMW, Rheinmetall), mais aussi d’autres « champions nationaux » type Thales ou Safran. Le processus devrait être terminé en fin d’année.
Pour l’ITP E-MBT, la situation est plus compliquée. Un des principaux pays intéressé est la Pologne, qui est en contact avec la Corée pour l’achat de chars K2. Le programme a donc été revu, pour accélérer le développement de façon à présenter une maquette au salon de défense polonais en 2021, et un prototype début 2022. Un concept différent est étudié de façon à mieux contrer le char K2.
Sur l’ITP Artillerie, après l’arrêt du projet d produit commun, l’activité est maintenant recentrée sur des actions d’exploitation des solutions existantes (CAESAR 6×6 et 8×8, PZH 2000 et RCH), et de fourniture de données pour l’ITP munitions. Cela veut dire que KNDS n’a pas de produit clairement positionné pour contrer la progression des ventes de l’obusier coréen K9 en Europe. L’équipe travaille également sur le futur programme franco-allemand d’artillerie CIFS.
Enfin l’ITP munitions. Les équipes KMW et Nexter travaillent sur la qualification de la munition de 120 mm du Leclerc dans le canon du Leopard 2. Des tirs doivent être réalisés pour obtenir une compatibilité début 2021, ce qui permettra de participer aux appels d’offre des utilisateurs du Leopard 2. Pour le 155 mm, la qualification de la munition Nexter LU211 dans le PZH 2000 devrait être obtenue dans les prochains mois, ouvrant là aussi des opportunités de ventes pour les clients de KMW.
D’autres réussites d’intégration existent. L’intégration de la tourelle T40 sur le Boxer pour la Grande Bretagne, l’intégration de l’ARX 25 sur le véhicule APVT de KMW., des travaux de Nexter Robotics en Allemagne. Cotés personnels, deux français sont en formation chez KMW, et des échanges entre experts sont prévus en 2021.

La structure actionnariale et la gouvernance de KNDS

Lors de la création de KNDS le 15 décembre 2015, la structure juridique imposait la stabilité du pacte d’actionnaires (l’état français et la famille Wegmann en Allemagne) pendant 5 ans. Dans un mois, cette imposition tombera, et pourrait permettre l’entrée de nouveaux actionnaires dans le tour de table. KNDS étant en excellente santé, et porteuse d’un carnet de commandes bien rempli et des projets à moyens termes, il n’est pas interdit de penser que l’autres sociétés du secteur soient intéressées par une prise de participation. On pense bien sûr à Rheinmetall, et Léonardo entre autres. Interrogés sur une telle éventualité, les deux PDG n’ont pu répondre, disant n’avoir aucune information de la part des actionnaires. Nous savons, de la bouche de M. Mayer, que l’état français n’a aucune envie de réduire sa participation, et M. Haun partage le même sentiment côté allemand. Nous n’avons pas d’inquiétude à court terme de voir entrer un troisième dans KNDS, mais il est de la responsabilité des actionnaires de clarifier les choses au plus vite, le sujet étant très sensible auprès de tous les salariés du groupe, en France comme en Allemagne.
Concernant la gouvernance, là non plus, pas d’information sur l’avenir des deux CEO’s, ni sur le mandat des autres membres du conseil de surveillance. Cette situation n’est pas acceptable. Bien sûr, les affaires continuent, le budget est en cours de construction, mais ce manque de visibilité est préjudiciable pour une bonne marche du groupe.

En conclusion
Les résultats de KNDS sont très bons, malgré des impacts sanitaires. Les collègues allemands partagent comme nous le besoin de plus de communication sur la gouvernance en particulier, mais aussi sur les actions d’intégration des deux sociétés du groupe.
La prochaine réunion se tiendra en début d’année prochaine avec les deux PDG, pour la présentation des budgets.

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